REBELL
REBELLE


L'asymétrie de la trace désoriente
Trahit qu'aucune décision n'a été prise
Ta bataille, rebelle, est un point
Bien loin d'une fuite

Autrefois bredouillant continuellement
Il exprime aujourd'hui, au fil de l'eau, les pensées
Qui tentaient autrefois de faire éclater son esprit
Où se dirige le vaincu après la mort de la bataille ?
Larmes muettes
Des mauvaises langues riantes et méprisantes
Veulent faire se dresser leur flot d'indécision
En une haine crachante
Luttant et t'enchaînant
T'attraper, toi, rebelle

Le poisson ressemble-t-il à l'oiseau
Alors que par manque d'eau il souffre dans la poussière ?
Cependant avant que le rebelle ne se noie dans le flot hésitant
La colère, la souffrance
Le deuil et le plaisir ainsi que la joie doivent-ils s'avérer mortels ?
Comment continuer à vivre s'il se noie dans le rire ?
Survivre à un oiseau bredouillant ?
Quand le pangolin lui aura appris à planer dans l'air et dans l'eau ?
Bégayant il se noie dans le deuil
Riant à grand plaisir en une colère douloureuse
Noyé par l'haleine humide

Rebelle, vaincs ceux qui doivent être vaincus
Avant qu'ils ne te volent la respiration
C'est ta bataille
Personne ne peut te soutenir
Car toi seul es capable de mener
Ta langue à la victoire

C'est ta bataille

Le blanc apparent est ton ami
Dans le noir, dissimulé, un ami attend
Dans le noir aucun poisson ne dessèche
Aucun oiseau ne se noie
Et personne ne voit ton clin d'oeil, rebelle
Même quand la souffrance te submerge
Et trouble le plaisir
Et que la colère te fait enrager
Que le deuil t'affecte doucement
Te fait simplement rire et crie
Evite le blanc, rebelle
Car seul le point sur une surface blanche
Atteste de ta présence

Et quelque part dans le champ blanc
Une voix attend
Qui te connaît mieux qu'aucun ami
Qui t'a donné un langage,
Un coeur qui battait
Qui ne t'a jamais quitté
Même quand elle ne comprenait pas
Une femme
Tu es une partie d'elle

© Oswald Henke

Traduction : Myriam Marc

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