SCHATTENDENKEN
PENSÉES FANTÔME
Lorsque je reconnus le jour
Pour ce qu'il était en réalité,
Les ombres
étaient distinctement perceptibles
Pourquoi fleurir et se flétrir
Boire de l'eau en pleurant
Et
s'enfoncer doucement dans le tourbillon
Enlacé par le liquide
Tenter, pas
tout à fait conséquemment,
De nager
La chanson de la liberté
Muette dans ses chaînes
couleur
rouille
Pourtant
Reliée au présent
Simplement prisonnière
Mon monde est gris
Noir et blanc
Un mélange de bien
et de mal
Mais les petites images intermédiaires *
feignent d'agrémenter
le temps de couleurs bariolées
Ne voyant pas
Cependant, précipitées dans le cerveau
Elles
murmurent
Avec un discernement délibéré
Même sans oreilles
Délicieusement
frais
L'orage d'éclairs
Rend les yeux
Aveugles
Même aux belles
choses
Les ombres suivent le raisonnement
Mais les petites images intermédiaires *
feignent d'agrémenter
le temps de couleurs bariolées
Ne voyant pas
Cependant, précipitées dans le cerveau
Elles
murmurent
Avec un discernement délibéré
On ne les voit pas
Les sentiments sont consommés
Emballés
sous vide
Payés ?
Parfois chauds parfois surgelés
Offerts ?
Parfois
imposés
Car apparemment inutilisables
Comme une fin en soi
Un
cadeau sans importance et plus que mort
Jamais vécu
Laisse simplement
l'âme
Mourir de faim
Et seule la colère
Charrie cette eau
Dans mes yeux
Qui
un jour,
Devenue mer,
M'asphyxiera.
Suis-je restant ?
Lorsque je reconnus le jour
Pour ce qu'il était en réalité,
Je décidai
De
mourir éveillé
Finalement, pourquoi ne pas tuer aussi
Les rêves
© Oswald Henke
Traduction : Myriam Marc
* Terme utilisé en optique : un objectif donne de l’objet observé une image réelle agrandie. Cette image, appelée image intermédiaire, est ensuite reprise par l’oculaire qui en donne une image observée par l’œil. Il ne s'agit là que d'une construction mentale, l’image intermédiaire n'existe pas puisque les rayons qui la forment ne sont pas perçus directement par un humain, mais sont déviés par la seconde lentille avant d'être perçus. (NdT)